L’Inde rejoint le club exclusif des nations qui ont atteint la Lune. La sonde Chandrayaan-3 a atterri à la surface de le Lune le 23 août, marquant une étape importante pour toute la nation. L’atterrissage historique a eu lieu à 12 h 33 GMT, selon l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO). “Nous avons réussi un atterrissage en douceur sur la Lune ! L’Inde est sur la Lune !” a annoncé Sreedhara Somanath, le président de l’ISRO, après l’atterrissage.
Les premières déclarations
“Ce succès appartient à toute l’humanité et aidera les futures missions lunaires d’autres pays“, a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi après l’atterrissage. “Je suis convaincu que tous les pays, y compris ceux du sud global, peuvent accomplir de telles prouesses. Nous pouvons tous aspirer à atteindre la Lune et au-delà”.
Deux heures après l’atterrissage, l’ISRO a publié des images montrant la surface de la Lune telle qu’elle était vue depuis la sonde Chandrayaan-3 lors de la descente. L’agence a établi avec succès une liaison de communication entre le vaisseau spatial et le contrôle de la mission.
Bientôt, un rover alimenté par l’énergie solaire appelé Pragyan devrait sortir de l’atterrisseur Vikram de Chandrayaan-3. Le duo de robots passera une journée lunaire (environ 14 jours terrestres) à explorer la région. L’objectif est de recueillir des données scientifiques sur la composition de la Lune avant que les batteries ne s’épuisent après le coucher du soleil.
“Toute la nation est enthousiaste à propos de cette mission”, a déclaré Anil Bhardwaj, directeur du Laboratoire de recherche physique (PRL) en Inde, qui a construit certains des instruments à bord de Chandrayaan-3, avant l’atterrissage. “Nous espérons tous tirer de nouvelles connaissances de cette mission”.
Le pôle sud lunaire
La sonde Chandrayaan-3 est la deuxième tentative de l’Inde pour atterrir près du pôle sud de la Lune. Une région largement inexplorée d’un intérêt immense tant pour les scientifiques que pour les partisans de l’exploration. On estime que le pôle sud lunaire abrite d’importantes quantités d’eau gelée. Cela pourrait être extraite pour produire du carburant de fusée et fournir un soutien vital aux futures missions habitées. La première tentative d’atterrissage sur la Lune, en septembre 2019, a échoué lorsque l’atterrisseur Chandrayaan-2 s’est écrasé sur la Lune en raison d’un problème technique.
Après quatre ans et de nombreuses mises à jour de conception et de logiciel, la sonde spatiale Chandrayaan-3 a été lancée à bord d’une fusée LVM3 le 14 juillet depuis une base spatiale à Sriharikota, sur la côte est de l’Inde. Le vaisseau spatial a ensuite rejoint une orbite elliptique autour de la Lune plus tôt ce mois-ci. Il a ensuite effectué plusieurs manœuvres pour passer à une trajectoire presque circulaire, le plaçant à environ 150 kilomètres au-dessus de la surface lunaire.
Le jeudi 17 août, le duo Vikram-Pragyan s’est séparé du module de propulsion de la mission. Le module étudiera la Terre depuis son orbite autour de la Lune. L’atterrisseur et le rover, qui étaient entrés en orbite lunaire après la séparation, ont effectué avec succès des manœuvres de freinage le vendredi 18 août et le dimanche 20 août pour s’approcher de la surface lunaire.
La leçon de Chandrayaan-2
Alors qu’ils étaient encore en orbite lunaire, le duo a établi un contact avec l’orbiteur de Chandrayaan-2. Cet orbiteur orbite autour de la Lune depuis 2019, servant de pont de communication avec la Terre. Lorsque le soleil s’est levé sur le site d’atterrissage prévu, le contrôle de la mission a ordonné sa descente vers la Lune, activant son système d’atterrissage entièrement automatique.
L’atterrissage historique a été diffusé en direct par l’ISRO et diffusé sur la chaîne de télévision publique indienne Doordarshan. À 12 h 33 GMT, l’atterrisseur Vikram a touché terre dans sa zone cible, à environ 70 degrés de latitude sud. Cet emplacement est proche de l’endroit où la Russie espérait que sa mission Luna-25 atterrirait le lundi 21 août. La Russie a échoué, et la sonde s’est écrasée lamentablement sur la Lune.
Le succès de l’Inde aujourd’hui peut être attribué à des “modifications importantes” de sa stratégie d’atterrissage après l’échec de Chandrayaan-2 en 2019, a déclaré Bhardwaj. Les algorithmes embarqués qui calculent la vitesse en temps réel du vaisseau spatial pendant la descente ont été retravaillés pour permettre une “plus grande liberté de déviation” par rapport au protocole. Une zone d’atterrissage cible plus grande, des jambes plus solides pour Vikram et des moteurs dynamiques qui ont ajusté la vitesse ont contribué au succès de la mission.
Analyse de Vikram
Maintenant que Vikram s’est installé sur la Lune, on s’attend à ce que Pragyan se déplace à la surface lunaire et commence à analyser le sol et les roches lunaires. De manière similaire au rover malheureux de Chandrayaan-2, les roues de Pragyan sont gravées avec le Chakra d’Ashoka, un symbole religieux représentant une roue avec 24 rayons figurant sur le drapeau indien.
Ainsi, lorsque Pragyan s’approchera de la Lune, l’ISRO espère que les deux symboles seront imprimés à la surface. L’atterrisseur Vikram est également équipé pour détecter les séismes lunaires près du site d’atterrissage à l’aide d’un sismomètre embarqué et pour sonder le sol lunaire afin d’enregistrer sa température.